Bartonien inférieur et supérieur (- 40 à - 38 millions d'années) : Les Molasses de Saix et de Lautrec
Anciennement connue sous le terme de "Molasses du Castrais", cette formation occupe une large surface entre Castres, Revel et Lautrec (fig. 1).
- Dans la partie centrale du bassin du Castrais, entre les cours du Bernazobre et de l'Agout (triangle formé par Labruguière, Castres et Saix), la formation débute par des argiles rouges, "Argiles de Castres et d'Hauterive" (photo et fig. 3, n°3). Ces couches sont recoupées par la rocade sud de Castres. Elles sont aussi bien visibles au niveau du cimetière d'Hauterive et sur les hauteurs de Roulandou où elles ont été exploitées.
Les Argiles de Castres et d'Hauterive dominant, au Nord d'Hauterive, la rocade de Castres
Cette assise est surmontée par un premier niveau de calcaire lacustre dit "de la ferme de Ganès" (n°3a) qui s'étale dans la plaine de Labruguière où il fournit de nombreux gastéropodes d'eau douce (Biomphalaria vasseuri et Ischurostoma minuta).
Au Nord d'Hauterive, dominant, la rocade de Castres, plusieurs bancs de calcaire lacustre dits de la "Ferme de Ganès" surmontent les argiles rutilantes de la Formation des Argiles de Castres et d'Hauterive
La partie moyenne de la formation correspond ensuite à un épais complexe détritique, les "Grès, Argiles et Conglomérats de Viviers-les-Montagnes"(fig. 3, n°4), dont les bancs de grès ont été exploités comme "pierre de Navès". Cette formation est indurée par la présence de deux autres niveaux de calcaires lacustres. Le plus ancien, dit "du Verdier" (n°4a), renferme Biomphalaria vasseuri et Melanopsis mansania, le dernier, dit " du Mont de Saix" (n°4b), livre Stagnicola castrensis.
Le Calcaire lacustre dit "du Mont de Saix" est un fin niveau calcaire,
ici visible dans une excavation proche terrain de football de Navès
Au-dessus, la formation se charge en niveaux de grès* à stratifications obliques et entrecroisées ("Grès de Viviers") (n°4c). Les premiers bancs conglomératiques à matériel d'origine paléo-pyrénéenne leur succèdent (n°4d)("les Conglomérats du Mont de Saix"). La partie supérieure de la formation voit le développement d'un nouveau complexe molassique de type argilo-gréseux, les "Grès et Argiles de Semalens et de Soual"(fig. 3, n° 5).
Un chenal gréseux et conglomératique appartenant aux " Conglomérats du Mont de Saix" affleure en relief à l'Ouest de la croix de Galauye
- Au Nord-Ouest de Castres et dans le Lautrécois, des couches homologues, plus nettement détritiques et gréseuses, les "Grès de Puech Auriol et de Venès" (Mouline, 1996)(fig. 3, n°7), se sont révélées extrêmement fossilifères aux alentours de Castres (Sicardens, La Fosse, la Verdarié, La Badayre, Nalzieux) et dans le Lautrécois où nombre des gisements ont été découverts à l'occasion des travaux de terrassement de la voie de chemin de fer de Castres à Albi (Montespieu, La Millette, La Maurianne).
La faune, essentiellement composée de débris de mammifères, y est riche et diversifiée. Essentiellement recueillie par Noulet, puis successivement révisée par Stehlin (1904) et par Richard (1946), elle compte un prosimien (Adapis parisiensis), des carnivores créodontes (Hyaenodon nouleti, Viverravus angustidens), des Artiodactyles (Xiphodon castrense) et une faune mixte de Perrisodactyles lophiodontidés (Lophiodon lautricense) et paleotheridés (Propaleotherium parvulum, Paleotherium castrense, P. pomeli), assemblage de faune permettant de bien dater le Bartonien supérieur (Biozone MP 16).
Aux Farguettes, les grès a stratifications entrecroisées de la Formation des Grès de Puech Auriol et de Vénès sont entaillés par la route de Lavaur (Ouest de Castres)
- Au Nord de l'Agout, la formation passe latéralement progressivement à un complexe détritique grossier, directement discordant* sur le socle primaire* du Montredonais et du Réalmontais, les "Argiles à graviers de Saint-Jean-de-Vals" (fig. 3, n° 6). Des couches argilo-sableuses à graviers y alternent avec des assises conglomératiques plus grossières, à galets de quartz blanc et de schistes* provenant de l'érosion des reliefs proches. Leur granulométrie* augmente en direction du socle.
- Au Sud de la vallée du Bernazobre, aucun niveau calcaire n'est repéré dans la molasse que Mouline (1989) désigne alors sous l'appellation de "Molasses de Dourgne et d'Encalcat" (fig. 3, n° 8).
- Sous l'aplomb de la Montagne Noire, les Molasses de Saix et de Lautrec passent latéralement à un ensemble argilo-détritique hétérogène connu depuis Vasseur (1896), désigné sous le terme Complexe bréchique "mortadelle" (fig. 3, n° 9). Il s'agit en fait d'un micro-conglomérat* dont les éléments anguleux, non triés, de quartz, de schistes* ou de dolomies* issus de l'érosion du Primaire apparaissent dans une matrice argileuse rosée tels les lardons d'une mortadelle. Ces faciès, interprétés comme dépôts de pente (Mouline, 1989), ne se rencontrent que dans un bande étroite moulée par la faille de Mazamet. A la hauteur de Dourgne, ils reposent en discordance, à la fois, sur le Paléozoïque et sur des dépôts tertiaires plus anciens de la dépression de Revel. Ces dépôts syntectoniques* sont les premiers à enregistrer des mouvements à l'aplomb de la faille de Mazamet. Leur âge Bartonien permet de situer la première différenciation du relief de la Montagne Noire qui, dès lors, va séparer le Castrais du domaine languedocien. Cet âge s'accorde bien avec l'âge, actuellement admis, de la phase principale de la compression pyrénéenne.